enquête

Pierre Chabard : Pour le meilleur et pour le Pile

Quartier le plus pauvre d’une des villes les plus pauvres de France, le Pile à Roubaix (Nord) a déjà fait l’objet d’une suite infructueuse d’études et de projets urbains depuis trois décennies. Celui dont l’architecte Pierre Bernard a la charge pour sept ans, dans le cadre du Plan national de rénovation des quartiers anciens dégradés (pnrqad), prend acte de l’échec des méthodes courantes de la « rénovation urbaine » et prend le risque de les repenser radicalement. Alors que l’issue du projet est incertaine, il convient de rappeler et de défendre sa démarche et son engagement.

point de vue

Wouter Vanstiphout : Oublier l’OMA

De Rotterdam, le gratte-ciel colossal livré cette année par l’Office for Metropolitan Architecture, se veut un monument au dynamisme entrepreneurial de la ville. Mais l’intervention du secteur public a été nécessaire pour qu’il se réalise, alors qu’émerge dans la cité ce qui pourrait être un urbanisme alternatif à ce qu’il représente. Quel « manifeste » Koolhaas cherche-t-il à écrire ici ?

débat: Politiques de l’espace public

Ce n’est qu’à partir des années quatre-vingt, à la faveur du mouvement de retour à la ville, que la notion d’espace public — expression empruntée au philosophe Jürgen Habermas — apparaît dans le discours de l’urbanisme. Les politiques en la matière ont d’abord semblé pleines de promesses, notamment parce qu’elles investissaient d’une mission sociale la transformation des places et des rues par les concepteurs, qui renouait avec une certaine idée de l’urbanité.

À l’heure de la mondialisation et des mises en crise de tous ordres qu’elle entraîne, que signifie aujourd’hui l’espace public et comment est-il produit ? Surprogrammés pour satisfaire des demandes catégorielles, instrumentalisés au service de la communication des élus, favorisant au lieu de l’infléchir le processus de gentrification des centres-villes, les aménagements témoignent pour la plupart d’un abandon, au profit d’une forme de consommation spectaculaire, de ce qui a pu être, pour le meilleur et pour le pire, une forme d’idéal édilitaire.

Au-delà des images réjouissantes largement relayées dans la presse, ce dossier met en évidence quelques-uns des ressorts de cette évolution. Une promenade dans le laboratoire de l’espace public qu’est depuis trente ans le Grand Lyon jette un éclairage transversal concret sur cette histoire. Une analyse critique de la consensuelle place de la République à Paris explore les raisons qui ont conduit à ce projet et les questions qu’il soulève. Ces deux articles sont complétés par un florilège d’extraits de quelques textes repères qui remettent ces thèmes en perspective. Enfin, dans une série de dessins inédit, Mehdi Zannad a personnifié pour criticat l’un des éléments qui font le plus fortement signe et symptôme dans l’espace public de nos villes : le mobilier urbain.

visite

Stéphanie Sonnette : 1989 – 2014 : l’odyssée de l’espace public lyonnais

Au début des années 1990, Lyon s’affichait en couverture des magazines spécialisés pour l’exemplarité de sa politique d’espaces publics. En 2007, les Berges du Rhône, puis, en 2013, le River Movie faisaient encore la une. De la Presqu’île bourgeoise aux berges festives, jusqu’aux rives de Saône scénarisées à outrance, retour sur trente ans d’aménagement dans le Grand Lyon.

analyse

Françoise Fromonot : Surface de réparation

Le réaménagement de la République a été justement salué pour avoir rendu à la vie urbaine l’une des places jusqu’ici les plus sinistres de Paris. Mais quels sont la réalité et le sens, au regard des évolutions de la capitale et de son espace public, de cette « supersurface » unitaire offerte à toutes les appropriations ? Réflexions sur une opération qui participe de toute une politique.

anthologie

L’espace public, utopies et réalités. Antoine Grumbach (1971), Philippe Genestier (1994), Alexandre Chemetoff (1996), Bruno Latour & Émilie Hermant (1998), Philippe Muray (1999), Manuel de Solà-Morales (2010)

album

Mehdi Zannad : Brèves de trottoir

document

Henri Lefebvre : Vers une architecture de la jouissance (1973)

éclairage

Łukasz Stanek : Henri Lefebvre et l’imagination architecturale après mai 1968

carte blanche

Jacques Ignazi

conférence

André Bideau : Le béton, cet ornement

L’architecture moderne et contemporaine suisse est souvent associée à un usage sophistiqué du béton. Aux côtés des interprétations esthétique, technique et économique qui s’imposent habituellement, il est aussi possible, comme on le verra ici, d’envisager ce matériau à travers le prisme de la construction de l’identité nationale helvétique.

correspondance

Andrew Leach : Lettre de la Gold Coast

Étirée sur plus de 50 kilomètres le long du Pacifique, à une heure de trajet au sud de Brisbane, la Gold Coast fait figure d’anomalie parmi les villes d’Australie. C’est une agglomération sans urbanisme, un pur produit de la rencontre entre loisirs balnéaires et spéculation immobilière. Un historien de l’architecture qui y a élu domicile s’interroge sur ses raisons d’en faire un sujet d’étude.

 

 

Numéro 14 (2014 automne)

revue semestrielle de critique d’architecture