enquête

Les structures d’un monde meilleur : construire un pont en Haïti (Pierre Chabard)

Alors qu’Haïti a subitement basculé, le 12 janvier 2010, dans le régime de l’urgence, le projet d’un petit ouvrage d’art qu’une ONG d’architectes et d’ingénieurs mène depuis deux ans dans une région montagneuse de l’île, ouvre d’autres horizons. Cet ouvrage éminemment collectif, qui met en œuvre des modèles constructifs adaptés aux économies pauvres, répond à la longue durée des problématiques géopolitiques de ce pays et de notre monde fragile. 

visite 

Un chemin de fer nommé désir (Douglas Kremer)

À Manhattan, l’aménagement d’un parc paysager sur l’ancien viaduc ferroviaire de la High Line rencontre depuis l’été dernier un beau succès public. Explorant l’histoire et la nouvelle réalité des quartiers qu’il traverse, un observateur new-yorkais montre le rôle que joue cette élégante reconversion dans la mutation dramatique de l’ouest de la ville.

débat : Faux en architecture

Face aux métropoles émergentes, les capitales du Vieux Monde s’efforcent aujourd’hui de consolider leur identité et leur notoriété. Lorsqu’elles ne font pas appel à l’imagination futuriste des « starchitectes » du moment, elles se retournent vers leur passé. Ici et là fleurissent les reproductions « à l’identique » de monuments disparus, certains depuis très longtemps. Ce phénomène pose de nombreux problèmes historiques et esthétiques, et révèle bien des paradoxes. Nous nous penchons ici sur l’improbable reconstruction du château des Tuileries à Paris, sur la restitution en cours du château des Hohenzollern à Berlin et sur celle, déjà effective, d’une importante synagogue au cœur de Jérusalem. Et, en guise de conclusion provisoire, on lira une lumineuse critique de la reconstruction du pavillon de Mies à Barcelone par Josep Quetglas, écrite en 1986 et restée inédite en français.

La résurrection des Tuileries, ou la tentation de l’hyperréalité 
(Julien Bastoen)

Disparu il y a plus d’un siècle du paysage parisien, le palais des Tuileries continue de défrayer la chronique. Le projet de sa reconstruction, défendu depuis une dizaine d’années par un comité ad hoc, suscite une controverse qui trouve des échos non seulement dans les prémices mêmes de ce débat après 1871, mais aussi dans les nombreux cas de répliques d’édifices disparus qui caractérisent notre époque fétichiste et mercantile.

À Berlin, un château contre un palais (Adrian von Buttlar)

À Berlin, la perspective d’une reconstruction du château des rois de Prusse en lieu et place du palais de la République édifié en 1973 par le régime de la RDA, fait débat depuis vingt ans. Entre son rejet du passé récent et sa nostalgie des temps anciens, la capitale allemande est en quête d’identité.

À propos du projet lauréat pour le Humboldt-Forum (Philipp Oswalt)

Le concours international pour le Humboldt-Forum à Berlin a été remporté en novembre 2008 par Francesco Stella. Le projet de l’architecte italien mêle les éléments de l’ancien château reconstruits à l’identique (trois façades baroques, la coupole…) à des réinterprétations typologiques des autres élévations. Que produit la rencontre entre ce fantasme d’histoire et le programme culturel qui l’investira, dans une ville qui n’a plus rien à voir avec celle du bâtiment détruit ?

Le phénix de Jérusalem (Simon Broniatowski)

Les projets de Louis Kahn puis de Denys Lasdun pour la reconstruction de la Hurva ont rendu célèbre auprès des architectes cette ancienne synagogue de Jérusalem. C’est pourtant la reproduction du bâtiment du XIXe siècle détruit qui a été décidée et dont la réalisation s’achève aujourd’hui.

Du pavillon de Mies au pavillon de la fondation Mies (Josep Quetglas)

Alors qu’il en était question depuis les années cinquante, c’est finalement en 1986, pour le centième anniversaire de la naissance de Mies van der Rohe, qu’a été inaugurée la copie du pavillon de l’Allemagne dont l’original, conçu pour l’Exposition universelle de Barcelone en 1929, avait été démonté peu après. Si cette reconstruction s’est faite au grand bénéfice des étudiants en architecture du monde entier, et surtout de l’attractivité de la ville elle-même (qui espérait alors accueillir les jeux Olympiques de 1992), quelques voix discordantes se sont néanmoins élevées pour la regretter, parmi lesquelles celle de l’architecte Josep Quetglas. Nous traduisons ici son argumentaire, fondé sur une magistrale interprétation de l’œuvre.

lecture 

Relire Papanek (Lionel Devlieger)

La crise environnementale nous contraint à repenser les fins et les moyens de l’architecture et du design. Certains textes majeurs de la critique radicale des années soixante-dix peuvent nous y aider. Relecture d’un ouvrage paru en 1971 et injustement oublié.

Pièce jointe : Design pour un monde réel (1974) – Extrait du chapitre 8 (Victor Papanek)

analyse 

L’architecture crève l’écran (Valéry Didelon)

Plus que jamais, l’architecture est affaire de communication. Il y a quarante ans, un duo d’architectes américains opposait en ce sens les « canards » aux « hangars décorés », le travail sur la forme à l’utilisation de l’iconographie. Cette distinction nous permet-elle encore de comprendre la production architecturale contemporaine ?

Pièce jointe : L’histoire du canard de Long Island

carte blanche

Bertrand Lamarche

correspondance 

Lettre de Rome (Gabriele Mastrigli, Manuel Orazio)

Après des décennies de sommeil, Rome tente de s’aligner sur les autres capitales en confiant à des architectes médiatiques la visibilité de ses nouvelles institutions culturelles. Or la réussite de ces bâtiments tient moins à leurs architectures, souvent décevantes, qu’aux réajustements a posteriori de leurs usages. Le MAXXI de Zaha Hadid profitera-t-il à son tour de ce paradoxe ?

 

 

Numéro 5 (mars 2010)

revue semestrielle de critique d’architecture