enquête
Françoise Fromonot, Jacqueline Trichard : Metz, ville générique
Depuis l’ouverture de l’antenne décentralisée du centre Pompidou, au printemps dernier, l’image de Metz se confond avec le bâtiment d’exception qui a placé la ville sous les feux de l’actualité. Mais quelle forêt se cache derrière cet arbre ? Ne faudrait-il pas examiner en parallèle les dizaines de constructions moins extraordinaires qui ont, elles aussi, modifié le paysage de la ville dans le même temps ?
document
King C. Gillette : Metropolis (1894)
En 1894, avant d’inventer le rasoir à lames jetables qui le rendrait célèbre, King C. Gillette publie à Boston un ouvrage intitulé The Human Drift, dans lequel il expose son utopie sociale. Ce « courant humain », pour lui, c’est le pouvoir de l’intelligence des hommes unis qui guide vers la liberté les navires du progrès. Sa démonstration est d’abord économique. Il entend créer par souscription une entreprise mondiale unique, The United Company, qui appartiendra au peuple et accomplira ce qu’il appelle le régime de l’égalité matérielle. Dans ce chapitre, il présente le volet urbanistique de cette société idéale.
éclairage
Michel Vinaver : Gillette est un artiste, mais il ne l’a jamais su
Le fascinant projet social et urbain de l’inventeur du rasoir à lames jetables était tombé dans l’oubli. Michel Vinaver a redécouvert l’utopiste derrière l’entrepreneur et « fait théâtre de cette énigme » avec sa pièce King (1997). Il nous livre quelques clés de son intérêt pour ce héros paradoxal.
débat : Les architectes ont-ils encore quelque chose à dire ?
Etre capable de tenir un discours, plus souvent oral qu’écrit, est aussi important pour un architecte que de bien dessiner. Dans les écoles d’architecture, les étudiants en font l’expérience lors des jurys, et face aux maitres d’ouvrage, les maitres d’oeuvre savent qu’il leur faut trouver les mots justes. Pour autant, depuis une vingtaine d’années et à de rares exceptions près, la parole des architectes semble tourner à vide, manquer de contenu. L’effondrement des grandes idéologies y est pour beaucoup, et le pragmatisme élevé en doctrine contribue à cette perte de sens.
Criticat revient sur cette situation forcément insatisfaisant pour les architectes, dont chacun attend qu’ils sachent faire, mais aussi qu’ils pensent l’architecture. En examinant une série d’ouvrages parus en France récemment, dont un en particulier, et en nous plongeant dans le fonctionnement d’une célèbre agence néerlandaise, nous avons souhaité ici participer au nécessaire débat sur les rapports incertains entre discours et pratique professionnelle.
analyse
Valéry Didelon : Choses lues
Les débats de fond sont de plus en plus rares entre architectes. Le faible nombre d’articles engagés ou de livres d’idées qu’ils publient en témoigne. Alors, n’auraient-ils vraiment plus rien à dire, trop occupés qu’ils sont à construire ? Rien n’est moins vrai, tant persiste tout de même leur volonté de s’exprimer sur le monde qui les entoure.
lecture
Raphaël Labrunye : Écrire, c’est construire
Les tentatives de théoriser la pratique architecturale sont aujourd’hui plutôt rares. L’architecte français Dominique Lyon s’y est essayé l’année passée dans Construction, un ouvrage relativement inclassable, qui traite de sa propre production en dépassant très largement le simple exposé de ses projets.
rencontre
Albena Yaneva : L’architecture en action
Sociologue et anthropologue d’origine bulgare, Albena Yaneva est une disciple de Bruno Latour dont elle applique la sociologie à l’architecture. Dans le cadre de notre débat, Criticat a rencontré cette observatrice attentive des architectes car précisément elle s’intéresse moins à leurs discours qu’à leurs pratiques, qu’elle prend pour une incomparable source de connaissance de leur travail.
recherche
Bernard Marrey : Un grand ensemble pas comme les autres
Sa gestation et sa naissance furent tumultueuses, avec un maître d’ouvrage chassé comme un paria de son Algérie natale par l’armée et un architecte, Fernand Pouillon, incarcéré à mi-parcours du chantier. Quel fut l’impact de ces lourdes contraintes sur ce grand ensemble définitivement atypique ?
point de vue
Félix Mulle, Diane Berg : Striptease
En attendant la 3D, comment peut-on filmer l’architecture et surtout rendre compte sur l’écran de sa spatialité ? Cette question se pose chaque fois qu’un bâtiment occupe les premiers rôles au cinéma. L’analyse de trois moyens métrages tournés dans l’une des plus célèbres villas contemporaines est ici l’occasion de repérer différentes manières de s’y prendre.
visite
Iain Sinclair : Le colosse de Maroussi
Tandis que le chantier des Jeux olympiques de 2012 progresse à Londres, Iain Sinclair observe ses effets collatéraux depuis le quartier voisin de Hackney, dans l’East End, où il vit depuis plus de quarante ans. Dans ce récit d’un récent séjour dans l’Athènes post-olympique ravagée par la crise, il paraît anticiper le destin de sa propre ville. Les rencontres, les visites — du complexe olympique de Maroussi à l’abandon, du nouveau musée de l’Acropole — mais aussi les échos et les associations qu’elles appellent tissent l’étoffe de cette dérive littéraire qui serpente dans l’espace et dans le temps.
correspondance
Nasrine Seraji : Lettre de Téhéran
L’Iran a fait ces derniers temps la une d’une actualité où il est peu question d’architecture. Ces notes d’un voyage éclair dans la capitale, à l’occasion du jury d’un prix décerné par une revue, dévoilent quelques aspects de la production, des conditions d’exercice et des aspirations des architectes de ce pays.
revue semestrielle de critique d’architecture